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à terre. Annibal, en apprenant la nouvelle, dit à ceux qui étaient auprès de lui : « Il est donc impossible de rien faire contre la volonté de Dieu ! » Il punit les Numides, mais il ne se mit plus en peine de faire reporter, ni même de faire recueillir ces restes ; comme s’il avait cru qu’un dieu eût voulu, après une mort si étrange, priver non moins étrangement Marcellus de la sépulture. Ainsi le rapportent Cornélius Népos et Valère Maxime. Suivant Tite-Live et César Auguste l’urne fut rapportée au fils de Marcellus, qui fit à son père de magnifiques funérailles.

Outre les monuments que Marcellus avait élevés dans Rome, il fit construire en Sicile le gymnase de Catane ; il avait consacré, dans Samothrace, des statues et des tableaux de Syracuse, aux dieux appelés Cabires ; et à Lindus dans le temple de Minerve. Dans ce dernier endroit on voyait aussi sa statue, portant, nous dit Posidonius, l’inscription suivante :

Passant, tu vois ici un Romain, astre resplendissant de son pays,
Claudius Marcellus, fils de pères illustres.
Sept fois il exerça la puissance consulaire, en des temps de combats,
Et il versa à grands flots le sang des ennemis.


L’auteur de l’inscription a ajouté les deux proconsulats au nombre des cinq consulats.

La postérité de Marcellus n’a pas cessé d’être en honneur jusqu’à Marcellus, neveu de César : celui-ci était fils d’Octavie, sœur de César, et de Caïus Marcellus ; il mourut édile de Rome, jeune encore, peu de temps après son mariage avec la fille de César. En son honneur et à sa mémoire, Octavie, sa mère, a dédié la bibliothèque, et César le théâtre de Marcellus[1].

  1. Les monuments d’Auguste et d’Octavie n’auraient pas suffi pour éterniser la mémoire de ce jeune homme ; mais Virgile lui a consacré quelques-uns de ses plus beaux vers.