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se passèrent vers le temps dont nous parlons. Deux prêtres fort distingués, Cornélius Céthégus et Quintus Sulpicius, furent dépouillés du sacerdoce, le premier pour n’avoir pas présenté les entrailles de la victime suivant l’ordre prescrit ; le second, parce que le bonnet qu’il portait sur le haut de la tête, d’après l’usage des prêtres appelés flamines, était tombé pendant qu’il offrait un sacrifice. Minucius, créé dictateur, venait de nommer général de la cavalerie Caïus Flaminius ; on entendit le cri d’une souris, et aussitôt on cassa les deux nominations, et l’on en fit de nouvelles. Et cette rigoureuse fidélité à des observances même si légères, les Romains n’y mêlaient aucun sentiment de superstition : tout ce qu’ils voulaient, c’était de ne rien changer aux coutumes de leurs aïeux, de n’en transgresser aucune.

Lors donc que Flaminius se fut démis de sa dignité, les magistrats qu’on appelait interrois créèrent consul Marcellus, et celui-ci étant entré en charge se donna pour collègue Cnéius Cornélius. On dit que les Gaulois voulaient en venir à un accommodement, et que le Sénat voulait la paix, mais que Marcellus poussa le peuple à la guerre. Quoi qu’il en soit, la paix se fit. Mais il paraît que les Gessates franchirent les Alpes, emmenèrent avec eux les Insubres, et renouvelèrent la guerre. Leur armée était déjà de trente mille hommes ; et, lorsque celle des Insubres, bien plus nombreuse encore, fut venue les joindre, alors, comptant sur leurs forces, ils marchèrent droit contre Acerres, ville située au delà du Pô[1]. De là, le roi Britomartus[2] s’en alla, avec un détachement de dix mille Gessates, ravager les campagnes voisines du Pô. Dès que Marcellus en fut informé, il laissa son collègue

  1. Elle était dans la Gaule cisalpine, non loin de la jonction du Pô et de l’Adda.
  2. Les Romains le nomment Viridomarus.