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hors, disant qu’Alexandre voulait reposer tranquillement. Ensuite, de crainte que l’échelle ne fît du bruit quand les jeunes gens monteraient, elle la garnit de laine ; elle introduisit de cette façon ses frères armés d’épées, et, les arrêtant devant la porte, elle entra elle-même, saisit l’épée suspendue à la tête du lit, et la leur montra comme signe qu’il était en leur pouvoir, qu’il dormait. À ce moment, les jeunes gens sont saisis d’effroi, ils hésitent ; elle leur en fait de vifs reproches, les menace d’éveiller elle-même Alexandre, et de lui découvrir le complot ; honte et crainte tout à la fois, elle les fait entrer, et les place autour du lit, tenant elle-même la lampe. Alors, l’un saisit et presse les pieds d’Alexandre, l’autre le prend par les cheveux et lui renverse la tête, et le troisième le frappe de son épée et le tue. C’est ainsi qu’il mourut d’une mort trop prompte et par conséquent plus douce peut-être qu’il ne méritait ; mais c’était le seul ou le premier tyran qui eût péri assassiné par sa propre femme ; et après sa mort son cadavre fut couvert d’outrages, jeté dans la rue, foulé aux pieds par le peuple de Phères : circonstances qui furent une juste compensation de ses forfaits[1].



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  1. Tisiphonus, l’aîné des trois frères, succéda au tyran, et régnait encore au temps où Xénophon écrivait l’histoire de ces événements. La mort d’Alexandre de Phères est postérieure de sept ou huit ans à celle de Pélopidas.