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jours, était parvenue jusqu’aux provinces les plus éloignées. Lorsque les satrapes de la porte du roi, les chefs, les généraux l’eurent vu, il devint l’objet de leur admiration et de leurs discours : « Voici, disaient-ils, l’homme qui a chassé les Lacédémoniens de l’empire de la terre et de la mer, qui a resserré, en deçà du Taygète[1] et de l’Eurotas, cette Sparte qui, naguère encore, sous la conduite d’Agésilas, apportait la guerre au roi et lui disputait Suse et Ecbatane. » Artaxerxés éprouvait une vive satisfaction à ces discours ; il en témoigna encore plus d’admiration pour Pélopidas, et se plut à accroître sa réputation, et à l’élever par les honneurs qu’il lui fit rendre : il voulait que l’on crût que les plus grands hommes venaient le féliciter de son bonheur et lui faire leur cour. Mais quand il eut vu sa personne, et entendu sa parole, plus solide que celle des Athéniens, plus simple que celle des Lacédémoniens, alors il conçut pour lui une affection marquée, qu’il lui témoigna royalement : il ne dissimula point l’estime qu’il faisait de lui ; et les autres ambassadeurs s’aperçurent bien de la préférence qu’il lui donnait sur tous. Il est vrai que celui de tous les Grecs qu’il paraît avoir honoré le plus particulièrement, c’est le Lacédémonien Antalcidas, puisqu’un jour il trempa dans des parfums la couronne de fleurs qu’il portait à table et la lui envoya ; il ne combla point Pélopidas de ces prévenances délicates, mais il lui offrit les présents les plus magnifiques, les plus grands que les rois fissent jamais, et il lui accorda toutes ses demandes : à savoir que les Grecs seraient indépendants, Messène rebâtie, les Thébains réputés amis héréditaires du roi.

Pélopidas retourna en Grèce après avoir ainsi fait

  1. C’est la montagne de Laconie si célèbre dans les chants des poëtes.