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Pour gages de sa foi et comme otages, il donna Philoxène son fils, et cinquante des compagnons d’âge de Philoxène. Pélopidas les envoya tous à Thèbes.

Ensuite, indigné de la trahison des mercenaires, et informé que la plus grande partie de leurs biens et leurs femmes, leurs enfants étaient déposés à Pharsale, il pensa que, s’en emparer, ce serait une vengeance suffisante de l’injure qu’ils lui avaient faite. Il réunit donc quelques Thessaliens et s’en alla à Larisse. Il venait d’arriver, lorsque le tyran Alexandre apparut à la tête d’une armée. Pélopidas crut qu’il venait pour se justifier, et s’avança de lui-même à sa rencontre, quoiqu’il le connût bien pour un homme perdu de crimes et souillé de sang ; mais il pensait que l’autorité de Thèbes, sa propre dignité et sa gloire le mettaient à l’abri de ses insultes. Lorsqu’Alexandre le vit seul et sans armes, il se saisit aussitôt de sa personne, et s’empara de Pharsale. Cet acte remplit d’épouvante et d’horreur tous ses sujets : après une pareille injustice et une pareille audace, il ne devait plus sans doute épargner personne, mais traiter tout ce qui lui tomberait entre les mains, hommes et choses, en misérable qui n’a plus rien à ménager.

Les Thébains, à cette nouvelle, éprouvèrent une profonde indignation, et envoyèrent sur-le-champ une armée ; mais ce ne fut point Épaminondas qui en reçut le commandement : il existait alors contre lui une certaine irritation. Le tyran avait emmené Pélopidas à Phères, et d’abord il permettait, à tous ceux qui le voulaient, de l’entretenir, pensant que sa mauvaise fortune l’aurait abattu et humilié. Loin de là : les Phéréens gémissaient, et Pélopidas les consolait en leur disant que le tyran touchait à l’heure du châtiment ; il envoya même dire à Alexandre que c’était folie à lui de tourmenter et de tuer chaque jour de malheureux citoyens qui ne pouvaient lui faire aucun mal, et de l’épargner, lui Pélopidas, quand