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Dès qu’on les vit déboucher des défilés, quelqu’un accourut vers Pélopidas et lui dit : « Nous sommes tombés au milieu des ennemis. — Pourquoi, repartit Pélopidas, ne serait-ce pas eux plutôt qui sont tombés au milieu de nous ? » Et aussitôt il fit passer sa cavalerie de la queue à la tête, pour qu’elle engageât l’action ; il forma lui-même en colonne serrée ses trois cents hoplites, avec la confiance que partout où ce corps donnerait il renverserait les ennemis, fussent-ils même très-supérieurs en nombre. La troupe lacédémonienne était formée de deux compagnies : chaque compagnie est de cinq cents hommes, suivant Éphore ; de sept cents, suivant Callisthène ; quelques autres, parmi lesquels Polybe, la font monter à neuf cents.

Les polémarques des Spartiates, Gorgoléon et Théopompe, s’élancèrent avec confiance sur les Thébains. On se chargea avec une vigueur extrême sur les points où étaient les chefs des deux partis. Les polémarques lacédémoniens se portent tous les deux sur Pélopidas, et tombent au premier choc ; ceux qui les entouraient périrent ensuite, criblés de blessures ; et l’épouvante se répandit dans toute l’armée, qui s’ouvrit pour donner passage aux Thébains, s’ils voulaient continuer leur retraite, Pélopidas pousse, par cette trouée, à ceux qui tenaient encore, et traverse les légions ennemies, massacrant tout sur son passage. La déroute des Lacédémoniens fut complète. Cependant il ne les poursuivit pas longtemps, car les Thébains avaient à craindre les Orchoméniens, qui n’étaient pas loin d’eux, et la nouvelle garnison lacédémonienne. Ils bornèrent leurs efforts à vaincre de vive force, et à s’ouvrir un passage à travers toute l’armée battue ; ensuite ils élevèrent un trophée, dépouillèrent les morts, et regagnèrent leurs foyers tout fiers et tout joyeux.

Dans tant de combats que les Lacédémoniens avaient