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hommes que Pélopidas et Thrasybule, qui, moins nombreux et plus isolés, aient vaincu par leur seule audace et leur intrépidité, des ennemis plus nombreux et plus puissants, qui aient rendu à leur patrie de plus grands services. Ce qui a donné à cette dernière révolution plus d’éclat, c’est le changement qu’elle amena dans les affaires de la Grèce. Car la guerre qui détruisit la grandeur de Sparte et qui mit fin à son empire sur terre et sur mer commença dans cette nuit même où Pélopidas, non pas en forçant une garnison, des remparts, une citadelle, mais en entrant, lui douzième, dans une maison, délia, s’il est permis d’exprimer la vérité par une métaphore, et coupa les liens de la domination lacédémonienne, qui paraissaient indissolubles et capables de résister à tous les efforts.

Lorsque les Athéniens virent les Lacédémoniens entrer en Béotie avec des forces aussi imposantes, ils en furent effrayés, et renoncèrent à l’alliance des Thébains ; ils mirent en jugement les partisans des Béotiens, et les condamnèrent à la mort, à l’exil ou à l’amende. Les affaires de Thèbes, ainsi privées de tout secours, paraissaient donc dans une situation bien fâcheuse. Il est vrai que Thèbes se trouvait avoir pour béotarques Pélopidas et Gorgidas : ces deux hommes cherchèrent à faire renaître la mauvaise intelligence entre Athènes et Lacédémone ; et voici le moyen qu’ils imaginèrent. Il y avait un Spartiate nommé Sphodrias, homme distingué par ses talents militaires, et qui avait quelque renom, mais d’un esprit léger et toujours plein de folles espérances et d’une ambition déraisonnable ; on l’avait laissé dans Thespies avec un fort détachement, pour y recueillir et secourir les Thébains qui se révolteraient contre le parti alors vainqueur. Pélopidas lui envoya, de son autorité privée, un marchand de ses amis, chargé de lui porter de l’argent, et des propositions qui firent sur lui encore plus d’effet