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secrètes embûches : il envoya des hommes inconnus, qui assassinèrent Androclidas ; mais ils manquèrent les autres. Il vint même de Lacédémone à Athènes une dépêche pressante qui exigeait qu’on ne les reçût point, qu’on ne fît rien pour troubler la paix, et qu’on les chassât comme des hommes déclarés ennemis communs par les alliés d’Athènes. Les Athéniens, outre qu’ils étaient animés par ces sentiments d’humanité qui étaient chez eux une vertu héréditaire et de nature, voulurent rendre aux Thébains ce que les Thébains avaient fait pour eux : c’étaient les Thébains qui avaient été les principaux auteurs du retour du peuple à Athènes, et qui avaient décrété que si un Athénien traversait en armes la Béotie pour marcher contre les tyrans, nul Béotien ne fît semblant de l’entendre ni de le voir : ils ne firent aucun mal aux Thébains.

Pélopidas, quoiqu’il fût un des plus jeunes, excitait sans cesse les exilés, tantôt en particulier, tantôt dans des réunions générales : « C’est une honte, c’est un crime pour un homme, disait-il, de souffrir que sa patrie soit esclave, occupée par une garnison étrangère ; et nous, contents d’avoir échappé, contents de vivre, nous resterions suspendus aux décrets d’Athènes, faisant notre cour à genoux à ceux qui savent manier la parole et gouverner à leur gré la populace ! C’est de nos plus chers intérêts qu’il s’agit ; bravons les périls. Prenons pour exemple le courage et la vertu de Thrasybule : c’est de Thèbes qu’il est parti pour renverser les tyrans d’Athènes ; à notre tour, partons d’Athènes pour aller délivrer Thèbes. » Persuadés par ces paroles, ils envoyèrent secrètement vers ceux de leurs amis qu’ils avaient laissés à Thèbes, pour leur faire part de leur résolution ; ceux-ci l’approuvèrent. Charon, le plus distingué d’entre eux, consentit à prêter sa maison pour lieu de rendez-vous, et Philidas parvint à se faire le secrétaire d’Archias et de