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PÉLOPIDAS.


(De l’an… à l’an 364 avant J.-C)

On faisait un jour, devant Caton l’ancien, l’éloge d’un homme qui se laissait emporter, pendant la bataille, à sa témérité et à son audace inconsidérée. « Il est bien différent, dit-il, d’estimer beaucoup la vertu, ou de faire peu de cas de la vie. » C’était un mot fort sensé. Il y avait, dans l’armée d’Antigonus, un soldat que rien n’arrêtait ; mais c’était un homme d’une complexion faible, et d’une santé délabrée. Le roi lui demanda un jour pourquoi il était si pâle, et le soldat avoua qu’il souffrait d’une maladie secrète ; le roi donna à ses médecins les ordres les plus pressants de mettre en œuvre tout leur art, et, s’il était possible de le guérir, de ne négliger aucun remède. Or, quand il fut guéri, notre brave ne chercha plus le danger, on ne le vit plus se précipiter dans la mêlée ; ce qui fit qu’Antigonus l’appela, et lui exprima sa surprise d’un tel changement. L’homme lui répondit avec franchise : « Ô roi ! c’est toi-même qui m’as fait moins brave, en me délivrant des maux qui me faisaient mépriser la vie. » C’est encore à ce sujet que se rapporte le mot d’un Sybarite sur les Spartiates : « Il ne leur est pas bien difficile d’affronter la mort sur les champs de bataille, puisque c’est pour eux un moyen d’échapper à une vie si rude et si austère. » Mais, aux yeux des Sybarites efféminés, et qui fondaient dans les délices, ne pas craindre la mort par amour du beau, et de l’honneur, cela ne devait être que de la haine pour la vie. Les Lacé-