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y avait laissé d’habitants. C’était le jour des calendes d’août[1]. Il n’y avait guère que seize ans que Rome était bâtie ; et voilà comment la population déjà surabondait ! Parmi les dépouilles de Camérium, il se trouva un char de bronze, à quatre chevaux. Romulus le consacra dans le temple de Vulcain, et il fit dresser dessus sa propre statue, couronnée par là Victoire[2].

Ce rapide accroissement de puissance força à ployer sous lui les plus faibles des voisins de Rome, trop contents qu’il voulût bien les laisser en paix. Ceux qui étaient forts furent saisis de crainte et d’envie, et sentirent que Romulus n’était pas un ennemi à mépriser ; qu’il fallait s’opposer à ses progrès, et réprimer son ambition. Maîtres d’un territoire étendu et d’une ville considérable, les Véiens, peuple d’Étrurie, furent les premiers à commencer la guerre. Ils demandèrent qu’on leur rendît Fidènes, comme une ville qui leur appartenait : prétention non-seulement injuste, mais ridicule, de la part de gens qui n’avaient porté aucun secours aux Fidénates en danger et aux prises avec les Romains, de venir, après avoir laissé tuer les personnes, réclamer les maisons et les terres, dont d’autres avaient maintenant la possession. Renvoyés avec mépris par Romulus, ils se partagèrent en deux corps, dont l’un vint attaquer les troupes romaines de Fidènes, et l’autre Romulus. À Fidènes, ils eurent l’avantage, et ils tuèrent deux mille Romains ; mais l’autre corps d’armée fut battu par Romulus, et perdit plus de huit mille hommes. Il y eut, près de Fidènes, une seconde action, où presque tout le succès, de l’aveu de tout le monde, fut l’œuvre de Romulus, qui déploya autant d’adresse que de courage, et qui fit paraître une force et une agilité plus qu’humaines. Mais ce qu’ont dit quelques-uns, que, de quatorze mille hommes qui restèrent sur

  1. C’est-à-dire le 1er du mois.
  2. Denys d’Halicarnasse dit qu’il fit dresser sa statue à côté du char.