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Lamprias. Ce dernier ne nous est connu que par cette note de Suidas : « Lamprias, fils de Plutarque de Chéronée, rédigea une table générale de tout ce que son père avait écrit sur l’histoire grecque et romaine. » Les autres fils de Plutarque figurent assez souvent comme interlocuteurs dans ses dialogues, surtout Autobule, qui était l’ainé. Les traditions de science et de vertu se perpétuèrent pendant longtemps, dans cette noble famille. Six générations après Plutarque, un de ses descendants, Sextus Claudius Autobule, était cité comme un homme de bien et un philosophe distingué, à en juger par une inscription qui se lisait jadis à Chéronée, et qu’a transcrite un ancien géographe.

Tout a été dit, sur les mérites de toute sorte qui se rencontrent dans Plutarque, comme aussi sur les défauts qu’on peut lui reprocher, et qui sont nombreux. On a relevé, dans ses écrits, beaucoup d’erreurs matérielles, sur ce qui concerne Rome et ses institutions ; des interprétations de textes latins ou fausses ou hasardées ; des contradictions manifestes. Il est certain, d’ailleurs, que son attachement trop exclusif pour le platonisme l’a rendu injuste envers les stoïciens, comme son amour tout filial pour Chéronée lui a fait voir, dans le livre d’Hérodote, des énormités qu’on n’y soupçonnait guère, et un parti pris de dénigrer quand même la Béotie et les Béotiens. Tout cela est avéré, et bien d’autres péchés encore ; mais ce qui n’est pas moins incontestable, c’est qu’il n’est pas un des écrits de Plutarque, même le plus insignifiant et le plus futile, qui ne se lise avec plaisir et profit ; que quelques-uns sont d’une rare éloquence ; que toujours et partout, on y sent cet amour du bien, cette parfaite sincérité, qui captivent le cœur, et qui font passer sur les plus criantes imperfections. Plutarque est un écrivain sans fard et sans apprêt, heureusement doué par la nature, et qui répand à pleine main tous les trésors de sa science et de son âme. Qu’importe, après cela, ce qu’il peut y avoir de choquant jusque dans la conception de ses ouvrages ? Qu’importe que l’idée même des Parallèles, comme il nomme ses Vies, ne soit, au fond, qu’une subtilité, et qu’elle rappelle les thèses factices