Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.

alors, en Étrurie, un oracle de Téthys[1], que Tarchétius envoya consulter. L’oracle répondit qu’il fallait qu’une vierge eût commerce avec cette figure ; qu’il naîtrait d’elle un fils très-illustre, et qui, par son courage, sa force et son bonheur, surpasserait tous les hommes de son temps. Tarchétius fit part à une de ses filles de la réponse de l’oracle, et il lui ordonna de l’accomplir. Elle ne jugea point à propos d’en rien faire, et elle envoya, à sa place, une de ses suivantes. Tarchétius, à cette nouvelle, fut saisi d’un tel dépit, qu’il les fit prendre toutes deux, pour les faire mourir. Mais Vesta lui apparut en songe, et lui défendit de leur ôter la vie. Il donna alors à ces jeunes filles une toile à tisser dans la prison, et il leur promit de les marier quand elle serait achevée. Elles y travaillaient pendant le jour ; mais, pendant la nuit, d’autres femmes venaient, par ordre de Tarchétius, défaire leur ouvrage. Cependant la suivante mit au monde, des œuvres du phallus, deux jumeaux, que le roi donna à un certain Tératius, avec ordre de les faire périr. Cet homme les exposa sur le bord du fleuve ; et là, une louve accourut pour donner la mamelle aux deux enfants, et des oiseaux de toute sorte leur apportèrent la becquée. Cela dura jusqu’au jour où un bouvier s’en aperçut : tout émerveillé, il prit la hardiesse de s’approcher, et il emporta les enfants. Sauvés de la sorte, ceux-ci allèrent, après qu’ils furent devenus grands, attaquer Tarchétius, et le défirent. Tel est le récit d’un certain Promathion[2], dans son Histoire d’Italie.

Mais la tradition la plus vraisemblable, et qui est confirmée par le plus de garants, c’est celle dont Dioclès de Péparèthe[3] a le premier publié, parmi les Grecs, les principales circonstances, et à laquelle Fabius Pictor[4]

  1. Suivant Dacier, il faudrait lire Thémis.
  2. Écrivain inconnu.
  3. Presque aussi peu connu que Promathion. Péparèthe était une des Cyclades.
  4. Le plus ancien des historiens latins, contemporain d’Annibal, et qui avait écrit des Annales, dont il ne reste presque rien. Mais les récits de Fabius se retrouvent, et fort embellis sans doute, dans l’admirable ouvrage de Tite-Live.