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prend avec lui environ trente hommes ; et, ordonnant aux autres de les suivre en diligence, il s’élance au pas de course vers la ville. La porte s’ouvre devant lui ; et vingt soldats, armés à la légère, se joignent aux trente qu’il avait. Il entrait à peine, qu’il entendit les Sélybriens marchant en armes à sa rencontre. La résistance était évidemment impossible : nui moyen d’échapper que par la fuite ; mais Alcibiade était trop fier pour s’y résoudre, lui jusqu’alors invincible, dans tous les combats où il avait commandé. Il ordonne donc au trompette de sonner le silence, et il fait crier à haute voix, par un de ceux qui étaient avec lui : « Que les Sélybriens ne prennent pas les armes contre les Athéniens ! » À cette proclamation, les uns sentent se refroidir leur ardeur pour le combat, parce qu’ils s’imaginent que toute l’armée des ennemis est dans la ville ; les autres sont séduits par l’espérance d’un accommodement favorable. Pendant qu’on entre en conférence, l’armée d’Alcibiade arrive. Alcibiade conjecturant, ce qui était en effet, que les Sélybriens n’avaient que des intentions pacifiques, craignit que la ville ne fût pillée par les Thraces : c’était une troupe nombreuse, qui s’était dévouée à lui, et dont l’ardeur secondait ses entreprises. Il fit donc sortir les Thraces de la ville ; et, touché des prières des Sélybriens, il ne leur imposa d’autre peine que de payer une somme d’argent, et de recevoir garnison ; après quoi il se retira.

Cependant les généraux qui assiégeaient Chalcédoine conclurent un traité avec Pharnabaze, aux conditions suivantes : Qu’il payerait une somme d’argent convenue[1] ; que les Chalcédoniens rentreraient sous l’obéissance des Athéniens, qui, de leur côté, ne commettraient aucun acte d’hostilité sur les terres de Pharnabaze ; enfin, que Pharnabaze donnerait escorte et sauvegarde aux

  1. Cette somme était de vingt talents.