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veillance et le secret. Ensuite, fidèle à son engagement envers Pirithoüs, il l’accompagna en Épire, pour enlever la fille d’Aïdonéus, roi des Molosses. Aïdonéus avait donné à sa femme le nom de Proserpine, à sa fille celui de Coré, et à son chien celui de Cerbère. Il faisait combattre contre ce chien ceux qui recherchaient sa fille en mariage, avec promesse de l’accorder à celui qui triompherait de l’animal ; mais, averti que Pirithoüs venait pour l’enlever, et non pour la demander en mariage, il s’assura de la personne des ravisseurs, fit dévorer sur-le-champ Pirithoüs par Cerbère, et retint Thésée prisonnier.

Cependant Ménesthée, fils de Pétéus, et petit-fils d’Ornéus, fils d’Érechthée, le premier, dit-on, d’entre les hommes qui ait affecté la popularité, et qui se soit mis à essayer sur la multitude l’effet des discours flatteurs, soulevait les citoyens les plus considérables, et les animait contre Thésée. Depuis longtemps, du reste, Thésée les avait mécontentés. En ôtant aux nobles l’empire qu’ils exerçaient chacun dans leurs dèmes, et en les renfermant dans une seule ville, Thésée les avait rendus, pensaient-ils, ses sujets, ou plutôt ses esclaves. Ménesthée agitait aussi la multitude, en lui reprochant de s’être laissé séduire par un fantôme de liberté, tandis qu’on dépouillait en réalité les citoyens de leurs patries et de leurs sanctuaires ; et de souffrir devant ses yeux, à la place de plusieurs rois pleins de bonté et ses chefs légitimes, le despotisme d’un étranger et d’un intrus.

Mais rien ne favorisa mieux ses projets et ses intrigues, que la guerre des Tyndarides, qui entrèrent en armes dans l’Attique, appelés, suivant quelques auteurs, par Ménesthée lui-même. Ils ne commirent d’abord aucune hostilité, et ils demandèrent seulement qu’on leur rendit leur sœur. Ceux d’Athènes répondirent qu’ils ne l’avaient pas, et qu’ils ignoraient même où elle était. Alors