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que les choses se sont passées comme ceux-ci les racontent unanimement.

Il est question encore d’autres mariages de Thésée, qu’on n’a jamais représentés sur la scène, et qui n’ont eu, pourtant, ni des commencements honnêtes ni des fins heureuses. Il enleva une Trézénienne, nommée Anaxo ; et, après avoir tué Sinnis et Cercyon, il fit violence à leurs filles. Il épousa Peribée, mère d’Ajax, puis aussi Phérébée, puis lopé, fille d’Iphiclès. On reproche à son amour pour Églé, fille de Panopéus, de lui avoir fait abandonner Ariadne, comme je l’ai dit plus haut, avec autant de lâcheté que d’ingratitude. Enfin, l’enlèvement d’Hélène, qui remplit de guerre toute l’Attique, fut, comme je le raconterai plus tard, la cause de son exil et de sa mort.

Tandis que les héros de ce temps se signalaient par mille beaux faits d’armes, Thésée ne prit part, suivant l’opinion d’Hérodore, qu’au combat des Lapithes contre les Centaures. D’autres, au contraire, disent qu’il accompagna Jason en Colchide ; qu’il défit, avec Méléagre, le sanglier de Calydon, et que c’est de là qu’est venu le proverbe : Non sans Thésée. Pour lui, ajoutent-ils, il sut accomplir, seul et sans secours, plusieurs entreprises glorieuses ; et l’on disait de lui : « C’est un autre Hercule. » Ce fut lui qui aida Adraste à recouvrer les corps de ceux qui avaient péri sous les murs de Thèbes ; non pas, comme le dit Euripide dans sa tragédie[1], en gagnant une bataille sur les Thébains, mais en leur persuadant de faire une trêve : telle est, du moins, la tradition la plus accréditée. Philochorus prétend que ce fut là la première trêve qu’on eût faite pour retirer les morts après la bataille ; mais il est écrit, dans les histoires d’Hercule[2],

  1. C’est dans les Suppliantes, au vers 24.
  2. On peut entendre aussi que Plutarque renvoie à une Vie d’Hercule écrite par lui-même. Il se sert souvent du terme général γέγραπται en ce sens. Cette Vie, s’il l’a composée, n’existe plus.