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moyen, toutes ces accusations, et affaiblir l’envie ; parce qu’Athènes, plongée dans de grandes difficultés et de grands périls, se jetterait entre ses bras, à cause de la puissance et de la considération dont il avait su s’environner. Tels sont donc les motifs pour lesquels on suppose qu’il empêcha le peuple de céder à la demande des Lacédémoniens. Toutefois la vérité, sur ce point, est inconnue.

Les Lacédémoniens, sachant bien que, s’ils pouvaient le renverser, ils trouveraient dans les Athéniens plus de souplesse, les engagèrent à bannir de leur ville les sacrilèges[1] : or, Périclès descendait de la race maudite, du côté de sa mère, d’après ce que raconte Thucydide. Mais leur entreprise eut un succès tout contraire à celui qu’ils espéraient : au lieu d’exciter, contre Périclès, de la méfiance et de nouvelles clameurs, les paroles des députés ne servirent qu’à inspirer d’autant plus de confiance et de respect envers lui, qu’on le voyait, pour les ennemis de l’État, l’objet d’une haine et d’une crainte plus vives. Aussi, avant qu’Archidamus se jetât sur l’Attique à la tête des troupes du Péloponnèse, Périclès déclara-t-il aux Athéniens que, si les ennemis ravageaient toutes les campagnes, et qu’ils laissassent ses propriétés intactes, soit à cause des liens d’hospitalité qui l’unissaient à leur chef, soit dans le but de fournir à ses adversaires politiques l’occasion de déclamer contre lui, il abandonnerait à la république ses champs et ses métairies.

L’Attique fut donc envahie par une nombreuse armée de Lacédémoniens et d’alliés, sous la conduite du roi Archidamus. Ils dévastèrent toute la campagne ; et ils vinrent camper près d’Acharnes[2], persuadés que les Athéniens ne pourraient se contenir, et qu’emportés par la colère et l’amour-propre, ils leur livreraient bataille.

  1. Voyez la Vie de Solon.
  2. Dème ou bourg situé presque aux portes d’Athènes.