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teur, toute autre autorité s’est trouvée suspendue en vertu de la loi : vous avez traité avec des gens qui n’avaient aucun pouvoir. C’est donc à moi que vous devez exposer maintenant vos demandes. Je viens, armé de l’autorité de la loi, tout prêt ou à vous pardonner, si vous avez recours aux prières, ou à vous punir comme des coupables, si vous ne témoignez aucun repentir. »

Brennus, furieux de ce discours, se met aussitôt à escarmoucher. Déjà les deux partis avaient tiré l’épée et se chargeaient pêle-mêle, avec une confusion inévitable au milieu de maisons en ruines, dans des rues étroites et des lieux serrés, où il était impossible de se former en bataille. Mais bientôt Brennus reprend son sang-froid : il ramène ses troupes dans son camp, avec peu de perte, et, la nuit venue, il part de Rome, emmenant toute son armée, et il va camper à soixante stades[1], près du chemin de Gabies[2]. À la pointe du jour, Camille était là aussi, revêtu d’armes éclatantes, et suivi des Romains, qui avaient repris confiance en eux-mêmes. Là, il s’engage un combat long et pénible : Camille taille les ennemis en pièces, les met dans une complète déroute, et se rend maître de leur camp. Ceux qui prirent la fuite furent massacrés : les uns, presque à l’instant même, par les Romains qui s’acharnèrent à leur poursuite ; mais le plus grand nombre, ceux qui s’étaient dispersés dans la campagne, périrent traqués par les habitants des bourgs et des villes voisines.

C’est ainsi que Rome fut prise d’une manière surprenante, et sauvée d’une manière plus surprenante encore. Elle était restée sept mois entiers au pouvoir des barbares : ils y étaient entrés peu de jours après les ides de Quintilis[3], et ils furent chassés vers les ides de février[4].

  1. Environ trois lieues, ou douze kilomètres.
  2. Ville du Latium, dans le pays des Volsques.
  3. Le 15 juillet 390 avant J.-C.
  4. Le 13 février 389 avant J.-C.