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Cet échec découragea les Celtes. D’ailleurs ils commençaient à manquer de vivres ; et la peur qu’ils avaient de Camille les empêchait d’aller fourrager. La maladie s’était mise parmi eux, campés qu’ils étaient au milieu des monceaux de morts, et sur les ruines de maisons brûlées. Les amas de cendres, échauffés par le soleil et remués par les vents, laissaient échapper au loin des vapeurs dont la sécheresse et l’âcreté corrompaient l’air, et qui remplissaient les poumons de poisons mortels. Ce qui augmenta encore la contagion, ce fut le changement dans leur manière de vivre. Accoutumés à des pays couverts et ombragés, où ils trouvaient partout des retraites agréables contre les ardeurs de l’été, ils étaient venus dans des lieux bas et malsains, surtout en automne. Ajoutez à toutes ces causes la longueur du siège, qui, depuis plus de six mois, les tenait presque immobiles au pied du Capitole. Aussi le camp fut-il en proie à une si violente épidémie, que le grand nombre des morts ne permettait plus de les enterrer. Pourtant la situation des assiégés n’en était pas moins critique. La famine les pressait de plus en plus ; et l’ignorance où ils étaient des mouvements de Camille les jetait dans le découragement. Personne ne pouvait leur apporter des nouvelles de Camille et des siens, parce que les barbares gardaient trop étroitement la ville.

Dans un état de choses également fâcheux pour les deux partis, il se fit d’abord quelques propositions d’accommodement, par le moyen des gardes avancées, qui conféraient ensemble. Ensuite, sur une décision des principaux citoyens, Sulpicius, l’un des tribuns militaires de Rome, alla parlementer avec Brennus. Il fut convenu que les Romains payeraient mille livres pesant d’or, et que les ennemis, dès qu’ils les auraient reçues, sortiraient de la ville et du territoire. Les conditions étaient acceptées de part et d’autre, les serments prononcés, l’or apporté ; mais les Celtes trompèrent à la pesée :