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Cependant, à Rome, quelques-uns des barbares, ayant passé par hasard près du chemin que Pontius avait pris pour monter au Capitole, remarquèrent, en plusieurs endroits, des traces de pieds et de mains ; car Pontius, en grimpant, s’était accroché à tout ce qu’il avait pu saisir : les broussailles étaient froissées le long des rochers, et des mottes de terre avaient roulé jusqu’au bas. Ils informèrent le roi de ce qu’ils avaient vu ; et le roi se transporta sur les lieux, et en fit une exacte reconnaissance. Il ne dit rien pour le moment ; mais, le soir, il assembla ceux d’entre les Celtes qui étaient les plus agiles, et qui savaient le mieux gravir les montagnes : « Les ennemis, leur dit-il, nous montrent eux-mêmes le chemin qui mène jusqu’à eux, et qui nous était inconnu ; ils nous font voir qu’il n’est ni impraticable ni inaccessible. Quelle honte pour nous, quand nous tenons le commencement, si nous faiblissions avant d’atteindre la fin ! si nous abandonnions la place comme imprenable, tandis que les ennemis nous enseignent par où l’on peut la prendre ! Là où un homme seul a passé facilement, ce n’est pas chose malaisée d’y monter plusieurs l’un après l’autre, attendu qu’on s’aidera, qu’on se soutiendra mutuellement. Au reste, des dons et des honneurs récompenseront chacun de vous, en proportion de son courage. »

Animés par le discours du roi, les Gaulois promirent de monter hardiment. Vers le milieu de la nuit, ils se mettent à grimper en silence, plusieurs à la file, en s’accrochant aux rochers. La montée était difficile à gravir ; mais pourtant ils la trouvèrent plus douce et plus accessible qu’ils ne l’avaient imaginé. Les premiers avaient déjà gagné le sommet de la montagne ; et déjà ils étaient tout préparés pour se rendre maîtres des retranchements et surprendre les gardes endormis, car aucun homme ni aucun chien ne les avait entendus. Mais il y avait des oies sacrées, que l’on nourrissait autour du temple de