Sosiclès de Pédiée[1] poussèrent à sa rencontre, avec tant d’impétuosité, que les deux vaisseaux se heurtèrent de leurs becs d’airain, et qu’ils s’entr’accrochèrent. Ariamène sauta dans la trirème athénienne ; mais les deux guerriers l’y reçurent vigoureusement et à coups de javelines, et ils le précipitèrent dans la mer. Artémise[2] reconnut son corps, qui flottait parmi d’autres débris, et elle le rapporta à Xerxès.
Le combat en était là, lorsqu’il parut, dit-on, une grande lumière du côté d’Éleusis, et que la plaine, depuis Thriasie[3] jusqu’à la mer, retentit de voix confuses, comme d’un grand nombre d’hommes menant le chœur mystique d’Iacchus[4]. On crut voir un nuage de poussière, soulevé par la marche de cette foule bruyante, monter peu à peu dans les airs, puis redescendre et tomber sur les vaisseaux. D’autres avaient vu, disaient-ils, des figures d’hommes armés apparaître, qui, de l’île d’Égine, tendaient les mains vers les trirèmes des Grecs. On conjectura que c’étaient les Éacides[5], dont on avait invoqué le secours avant le combat.
Lycomède, Athénien, un des triérarques, fut le premier qui s’empara d’un vaisseau ennemi : il en enleva les enseignes, et il les consacra à Apollon Daphnéphore[6]. Les Grecs avaient, de front, le même nombre de vaisseaux que les barbares, à cause du détroit, où ceux-ci ne pouvaient que venir à la file, et où ils s’embarrassaient les uns les autres. Ils combattirent avec tant de constance, jusqu’à la nuit, qu’ils obligèrent les Perses de prendre la
- ↑ Petite ville de l’Attique.
- ↑ La fameuse reine de Carie, qui se conduisit en héros dans la bataille.
- ↑ Thriasie était un village situé entre Éleusis et Athènes ; et Éleusis était une ville de l’Attique, fameuse par son temple de Déméter ou de Cérès.
- ↑ Iacchus était le nom mystique de Bacchus.
- ↑ Les descendants d’Éacus, et notamment Telamon et Ajax.
- ↑ C’est-à-dire Apollon-porte-laurier.