Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il attribua au mois qui finissait la partie du jour antérieure à la conjonction, et la partie qui suivait au mois commençant. Solon est le premier, à mon avis, qui ait bien compris le sens de ce vers d’Homère :

Lorsqu’un mois finit, lorsqu’un mois commence[1].


Il appela le jour suivant néoménie[2] ; mais, à partir du 20, il compte les jours, non plus par addition, mais par soustraction, en suivant toujours le décours de la lune, jusqu’au trentième jour du mois.

Dès que les lois eurent été publiées, Solon se vit assailli à chaque instant de gens qui louaient son œuvre, ou qui la critiquaient, ou qui le priaient d’y ajouter ou d’en retrancher telle ou telle chose à leur gré. Un plus grand nombre encore venaient lui demander des explications, et voulaient qu’il leur développât le sens de chaque loi, et la manière dont il les fallait entendre : il eût été déraisonnable de refuser ; consentir, c’était s’exposer à l’envie. Pour éviter ces difficultés, et pour se dérober aux importunités et aux plaintes ; car, comme il le disait lui-même :

Dans les grandes affaires, il n’est pas aisé de plaire à tout le monde ;


il demanda aux Athéniens un congé de dix ans, et il s’embarqua, sous prétexte qu’il voulait commercer sur mer. Il espérait que ce temps suffirait, pour qu’on s’accoutumât à ses lois. Il alla d’abord en Égypte, où, comme il le dit, il demeura quelque temps

Sur un bras du Nil, près des rives de Canope.


Là, il eut de fréquents entretiens sur la philosophie avec

  1. Odyssée, chant XIV, vers 162.
  2. C’est-à-dire lune nouvelle ou mois nouveau.