Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nature, en faisant des mariages hors d’âge compétent. » Aussi ne faut-il pas autoriser, dans l’État, un pareil désordre, ni tolérer des unions disproportionnées, qui ne sauraient avoir aucune douceur, et qui ne peuvent ni accomplir l’œuvre du mariage, ni atteindre son but. À un vieillard qui épouse une jeune femme, le magistrat sensé, le législateur, appliquera ce qu’on dit à Philoctète :

Te marier, malheureux ! te voilà bien en état[1] !


Trouve-t-il un jeune homme dans la chambre de quelque vieille opulente, s’engraissant à la caresser, comme les perdrix s’engraissent près de leurs femelles, il l’en arrachera, pour le faire passer aux bras de la jeune vierge qui a besoin d’un mari. Mais en voilà assez quant à ce point.

La loi de Solon est vantée aussi, qui défend de dire du mal des morts. En effet, la piété commande de regarder les morts comme sacrés ; la justice, de respecter la mémoire de ceux qui ne sont plus ; et la politique ne veut pas que les haines soient immortelles. Pour les vivants, Solon défendit d’injurier personne dans les temples, dans les tribunaux, dans les assemblées et dans les jeux, sous peine d’une amende de cinq drachmes, dont trois applicables à la personne offensée, et les deux autres au trésor public. Se laisser aller, dans toutes les occasions, aux excès de sa colère, c’est la marque d’une mauvaise éducation et d’un naturel violent ; se maîtriser partout est difficile, impossible même à certaines personnes. La loi donc doit prescrire ce qui est communément praticable, si elle veut faire de la punition d’un petit nombre un exemple salutaire, et non multiplier sans fruit les châtiments et les peines.

On célèbre aussi la loi sur les testaments. Le pouvoir

  1. Vers tiré d’un Philoctète aujourd’hui perdu, peut-être de celui d’Eschyle.