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Ma vertu contre leur richesse : la vertu demeure en nous à jamais ;
La fortune passe sans cesse d’une main à une autre.

Solon ne s’appliqua d’abord à la poésie que par amusement, ce semble, et pour charmer ses loisirs, sans jamais traiter des sujets sérieux. Mais depuis, il mit en vers des maximes philosophiques, et il fit entrer dans ses poëmes plus d’un trait de son administration politique ; non point pour faire de l’histoire et conserver un souvenir, mais pour servir à l’apologie de sa conduite, et quelquefois pour adresser aux Athéniens des exhortations, des conseils, ou de vives censures. Quelques-uns disent aussi qu’il avait entrepris de mettre ses lois en vers, et ils citent le commencement, qui est tel :

Je prie d’abord le roi Jupiter, fils de Saturne,
D’accorder à ces institutions bonne chance et gloire.

Il s’attacha, comme presque tous les sages d’alors, à cette partie de la philosophie morale qui traite de la politique. Pour la philosophie naturelle, il en était aux rudiments, et aux notions du vieux temps sans plus ; voici qui le prouve assez :

De la nue sortent la neige et la grêle ;
La foudre vient de l’éclair étincelant ;
Ce sont les vents qui troublent la mer : qu’aucun souffle
Ne l’agite, et c’est de tous les éléments le plus calme.

Aussi bien n’y eut-il, en somme, que Thalès dont la science dépassât alors les notions d’un usage vulgaire : tous les autres ne durent qu’à leurs connaissances politiques leur réputation de sagesse.

On raconte que les sept sages se réunirent une fois à Delphes, et une autre fois à Corinthe, où Périandre les avait convoqués pour leur offrir un banquet. Rien ne contribua tant à leur réputation et à leur gloire, que le