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lune se faisaient en trois cent cinquante-quatre jours, et celles du soleil en trois cent soixante-cinq[1] : il doubla donc ces onze jours, et il en fit un mois de vingt-deux jours, qu’il intercalait, tous les deux ans, après celui de février. Ce mois intercalaire est appelé par les Romains Mercédinus[2]. Au reste, le remède qu’il apporta à cette inégalité devait lui-même exiger dans la suite des remèdes plus grands encore.

Numa changea aussi l’ordre des mois. Mars était le premier de l’année : il en fit le troisième, et il mit à sa place janvier, qui, sous Romulus, était le onzième ; février était le douzième et dernier, et il devint désormais le second. Toutefois c’est une opinion accréditée que janvier et février ont été ajoutés par Numa, et qu’avant lui, l’année romaine n’était que de dix mois, comme il y en a de trois chez quelques peuples barbares, et comme, chez les Grecs, l’année des Arcadiens est de quatre mois, et celle des Acarnaniens de six. Les Égyptiens eurent, dit-on, d’abord des années d’un mois, puis des années de quatre mois. Voilà pourquoi ce peuple, bien qu’il habite un pays tout nouveau[3], fait l’effet de remonter si haut dans l’histoire : ils déroulent, dans leurs annales, ce nombre infini d’années, parce qu’il y a des mois qui comptent chacun pour un an. Ce qui prouve que l’année des Romains était autrefois de dix mois, et non de douze, c’est le nom de leur dernier mois, appelé encore aujourd’hui décembre. Mars était le premier : l’ordre actuel le montre assez ; car le cinquième, en commençant à mars, se nomme Quintilis, le sixième Sextilis ; et ainsi de suite pour les autres. Si janvier et février eussent toujours été placés avant mars, les Romains se seraient contredits, en appelant cinquième un

  1. Ceci est encore inexact : il y a, en sus, une fraction qui n’est pas tout à fait un quart de jour.
  2. Ou plutôt Mercédonius.
  3. Hérodote dit que la terre d’Égypte est un don du fleuve ; mais le sol de la haute Égypte est aussi ancien que pas un autre.