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de son habileté, l’honneur d’être nommé dans le cantique que chantent les Saliens pendant leur danse armée. D’autres prétendent que, dans cet hymne, il ne s’agit pas de Véturius Mamurius, mais qu’il y a veterem mernoriam, c’est-à-dire ancienne mémoire[1].

Après avoir réglé les sacerdoces, Numa bâtit, près du temple de Vesta, un palais appelé Régia, maison du roi. Il y habitait d’ordinaire, s’occupant à faire des sacrifices, ou instruisant les prêtres, ou s’entretenant avec eux de quelques sujets de dévotion. Il avait, sur le mont Quirinal, une autre habitation, dont on montre encore la place. Dans les processions publiques, dans toutes les supplications des prêtres, des hérauts marchaient en tête, par les rues de la ville, criant qu’on restât en silence, et faisant cesser tout travail. Les pythagoriciens ne veulent pas qu’on adore les dieux et qu’on les prie en courant : on doit, suivant eux, sortir de sa maison dans ce dessein, après s’être bien préparé. Numa pensait aussi que les citoyens, dans ce qui regarde le culte des dieux, ne devaient rien faire négligemment et par manière d’acquit ; qu’il leur fallait quitter toute autre occupation, et appliquer uniquement leur esprit à celle-là, qui est l’acte de piété par excellence, et, par conséquent, suspendre ces bruits, ces cris, ces gémissements, inséparables des travaux mécaniques et mercenaires, et laisser les rues libres pendant le temps de la cérémonie. Il reste, encore à présent, des traces de cet usage. Lorsque le consul prend les augures ou fait un sacrifice, on crie à haute voix : Hoc age, c’est-à-dire : Fais ceci ; invitation, pour les assistants, à se recueillir et à être attentifs.

Les autres ordonnances de Numa ne ressemblent pas moins, pour la plupart, aux préceptes pythagoriciens. Les pythagoriciens défendaient de s’asseoir sur le boisseau, d’attiser le feu avec un poignard, et de regarder

  1. Le peu qui reste des chants saliens est à peu près inintelligible.