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désobéi aux lois. D’ailleurs, ils étaient privés des honneurs et des égards respectueux que les jeunes gens rendaient aux vieillards. Voilà pourquoi personne ne blâma ce qui fut dit à Dercyllidas, qui était pourtant un général de grande réputation. Comme il entrait dans une assemblée, il y eut un jeune homme qui ne se leva point de son siège pour lui faire honneur, et qui dit : « C’est que tu n’as point de fils qui puisse se lever un jour à mon entrée. »

Pour se marier, il fallait enlever sa femme ; et ce devait être non une enfant, ni une adolescente impubère, mais une fille mûre pour le mariage. Après l’enlèvement, la jeune fille était remise aux mains de l’assistante des noces, comme on disait, qui lui rasait la tête, lui donnait un habit et une chaussure d’homme, la faisait coucher sur une couche de feuillage, et l’y laissait seule et sans lumière. Le nouveau marié, non point pris de vin ni énervé par une journée de plaisir, mais sobre à son ordinaire, et après le repas de la table commune, se glissait aux côtés de sa fiancée, lui déliait la ceinture, et la portait dans un lit. Il ne passait que quelques instants près d’elle, puis il se retirait modestement dans la chambre où il dormait d’habitude avec les autres jeunes gens. Il continuait ce manège, passant les jours et les nuits avec ses camarades, et n’allant voir sa femme qu’avec précaution, et comme à la dérobée, pour n’avoir pas la honte d’être aperçu par ceux de la maison. La femme, de son côté, l’aidait de son adresse, en lui faisant saisir à point les occasions favorables pour un rendez-vous secret. Cela durait assez longtemps ; et quelquefois des maris étaient devenus pères, qu’ils n’avaient pas encore vu leurs femmes au jour. De pareilles relations n’étaient pas seulement un exercice de tempérance et de sagesse : elles entretenaient, dans les corps, la vigueur et la fécondité, conservaient la vivacité de la première ardeur, renouvelaient l’amour, et prévenaient la satiété