plus un peu moins. Chaque convive fournissait, par mois, un médimne de farine, huit conges de vin[1], cinq mines[2] de fromage, deux mines et demie de figues, et, avec cela, quelque peu de monnaie pour acheter de la viande. D’ailleurs, quand un citoyen faisait un sacrifice, ou qu’il avait été à la chasse, il envoyait, pour le repas commun, les prémices de la victime, ou une portion de son gibier ; car il était loisible de souper chez soi avec les mets de son sacrifice ou de sa chasse, si la chasse ou le sacrifice avait fini trop tard : hormis ces occasions, il fallait comparaître aux repas publics. Pendant longtemps, les Spartiates se montrèrent exacts à s’y rendre. Le roi Agis, au retour d’une expédition où il avait vaincu les Athéniens, fit demander ses portions, pour souper chez sa femme : les polémarques les lui refusèrent ; et, le lendemain, Agis ayant, par dépit, négligé de faire le sacrifice accoutumé, ils le condamnèrent à une amende.
Les enfants mêmes allaient à ces repas : on les y menait comme à une école de tempérance. Là, ils entendaient converser politique, et ils recevaient les leçons d’hommes de condition libre ; là, ils s’accoutumaient à plaisanter avec finesse, à railler sans mauvais goût, comme aussi à supporter patiemment la raillerie, qualité qu’on croyait particulièrement convenable à un Lacédémonien. Toutefois, celui que fatiguait la raillerie pouvait demander qu’on s’en abstînt ; et l’on cessait aussitôt. À mesure que chaque convive entrait dans la salle, le plus âgé de l’assemblée lui disait, en montrant la porte : « Il ne sort pas un mot par là. » Un citoyen, pour être admis à une table commune, avait besoin de l’agrément des autres convives ; et l’épreuve se faisait de cette manière : chaque convive prenait une boulette de mie de pain, qu’il jetait, sans rien dire, dans un vase que