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LYCURGUE.


(Florissait au commencement du neuvième siècle ayant notre ère.)

On ne peut rien dire absolument, de Lycurgue le législateur, qui ne soit sujet à controverse. Son origine, ses voyages, sa mort, enfin les lois mêmes et le gouvernement qu’il a institués, ont donné lieu à des récits fort divers ; mais le point sur lequel y a le plus complet désaccord, c’est le temps où il a vécu. Les uns le font contemporain d’Iphitus, et prétendent qu’il régla avec lui l’armistice qui s’observe pendant les jeux Olympiques. De ce nombre est Aristote le philosophe, lequel allègue, pour preuve de son sentiment, le disque dont on se sert à Olympie, qui porte encore gravé le nom de Lycurgue. Mais ceux qui comptent les temps par la succession des hommes qui ont régné à Sparte, ainsi Ératosthène[1], Apollodore[2], le font antérieur d’un grand nombre d’années à la première olympiade. Timée[3] conjecture qu’il y a eu deux Lycurgue à Sparte, à deux époques différentes, et que ce sont les actions de l’un et de l’autre qu’on attribue à celui des deux qui a eu le plus de réputation : le plus ancien aurait été, peu s’en faut, le contemporain d’Homère. Il y en a même qui veulent qu’Homère et lui se soient rencontrés. Xénophon autorise la croyance à la haute antiquité de Lycurgue, quand il le fait vivre du temps des Héraclides. À la vérité, les derniers rois de

  1. Historien, poëte et philosophe, né à Cyrène, en Libye, et qui florissait sous Ptolémée Philopator.
  2. Grammairien contemporain d’Ératosthène, auteur d’un traité des généalogies mythologiques, intitulé Bibliothèque, que nous possédons encore.
  3. De Tauroménium en Sicile, historien un peu antérieur aux précédents.