Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/550

Cette page n’a pas encore été corrigée

Inde, ils en vinrent aux mains et tirèrent l’épée ; leurs amis respectifs venaient pour les soutenir ; mais Alexandre, y étant accouru, réprimanda publiquement Éphestion, le traita d’imprudent et d’étourdi, qui ne sentait pas que si on lui ôtait Alexandre, il ne serait plus rien. Il fit aussi, en particulier, des reproches amers à Cratère, et, après les avoir réconciliés ensemble, il leur jura, par Jupiter Ammon et par les autres dieux, que, quoiqu’ils fussent les deux hommes qu’il chérissait le plus, s’il apprenait qu’ils eussent encore eu quelque querelle, il les tuerait tous deux, ou du moins celui qui aurait commencé la dispute. On assure que depuis cette menace ils ne firent et ne dirent plus rien l’un contre 1’autre, même en plaisantant.

LXV. Philotas, fils de Parménion, était, de tous ses officiers, celui qui avait la plus grande considération parmi les Macédoniens ; il la devait à son courage et à sa patience dans les travaux ; après Alexandre seul, personne n’était ni si libéral, ni si tendrement attaché à ses amis. Un d’entre eux lui ayant un jour demandé de l’argent, il commanda qu’on le lui donnât. Son intendant répondit qu’il n’en avait pas : « Eh ! quoi, repartit brusquement Philotas, n’as-tu donc à moi ni vaisselle d’argent, ni aucun autre meuble ? » Mais, plein de faste et de