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luxe ; rien de plus digne d’un roi que le travail ? Et comment un officier pourra-t-il s’assujettir à panser lui-même son cheval, à fourbir sa lance ou son casque, lorsqu’il aura perdu l’habitude d’employer ses mains au soin de son propre corps, qui est ce qui le touche de plus près ? Ignorez-vous que le moyen de rendre nos victoires durables, c’est de ne pas imiter les vaincus ? » Dès ce moment il se livra plus qu’il n’avait fait encore aux fatigues de la guerre et de la chasse, et s’exposa sans ménagement aux plus grands dangers ; aussi un ambassadeur de Sparte l’ayant vu terrasser un lion énorme : « Alexandre, lui dit-il, vous avez combattu avec beaucoup de gloire contre ce lion pour la royauté. » Cratère consacra dans la suite cette chasse au temple de Delphes ; il y fit placer les statues du lion et des chiens, celle d’Alexandre, qui terrassait le lion, et la sienne où il était représenté allant à son secours. Elles étaient toutes de bronze et avaient été jetées en fonte, les unes par Lysippe, et les autres par Léocharès.

LVI. C’est ainsi qu’Alexandre, pour s’animer lui-même à la vertu et y exciter les autres, bravait les plus grands périls ; mais ses courtisans, à qui leur faste et leurs richesses faisaient