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ceux qui lui en demandaient. Il écrivit à Phocion qu’il ne le regarderait plus comme son ami s’il continuait à refuser ses bienfaits. Un jeune homme, nommé Sérapion, lui ramassait les balles au jeu de paume ; et comme il ne demandait jamais rien, Alexandre ne pensait pas à lui donner. Un jour que le roi jouait, Sérapion jetait toujours la balle aux autres joueurs : « Tu ne me la donnes donc pas, lui dit Alexandre. — Seigneur, lui répondit Sérapion, vous ne me la demandez pas. » Le roi se mit à rire et lui fit depuis beaucoup de présents. Un certain Protéas, homme plaisant, et qui, à table, divertissait le roi par ses railleries, avait encouru son indignation. Les courtisans ayant sollicité son pardon, et lui-même le demandant avec larmes, Alexandre dit qu’il lui rendait ses bonnes grâces. « Seigneur, lui répondit Protéas, daignez d’abord m’en donner un gage. » Alexandre lui fit donner cinq talents.

LIV. On peut juger à quel excès il portait sa libéralité envers ses amis et ses gardes, par une lettre qu’Olympias lui écrivit à ce sujet. « J’approuve fort, lui disait-elle, que vous fassiez du bien à vos amis ; ces libéralités vous