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était gardée par les plus vaillants des Perses. Un homme qui, né d’un père lycien et d’une mère persane, parlait fort bien les deux langues, servit de guide à Alexandre et l’y fit entrer par un détour peu considérable : on dit que ce guide lui avait été prédit dans son enfance par la Pythie, qui lui annonça qu’un Lycien le conduirait en Perse. Il se fit là un carnage horrible des prisonniers. Alexandre, qui, d’après ce qu’il a écrit lui-même, crut que son intérêt exigeait cette mesure rigoureuse, donna 1’ordre de passer tous les hommes au fil de l’épée. Il trouva dans la Perse autant d’or et d’argent monnayé qu’à Suse ; il le fit emporter, avec toutes les autres richesses, sur vingt mille mulets et cinq mille chameaux. Alexandre, en entrant dans le palais de Persépolis, vit une grande statue de Xerxès que la foule, qui se pressait pour l’accompagner, avait renversée : il s’arrêta, et lui adressant la parole comme si elle eût été animée : « Dois-je passer outre et te laisser étendu par terre, pour te punir de la guerre que tu as faite aux Grecs ? ou te relèverai-je par estime pour ta grandeur d’âme et pour tes autres qualités ? » Après être resté longtemps pensif, sans rien dire, il passa outre. Comme ses troupes avaient besoin de se refaire et qu’on était dans l’hiver, il y séjourna