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partagés en deux bandes ; qu’à la tête de chaque bande ils avaient mis un chef, et nommé l’un Alexandre, l’autre Darius ; que leurs escarmouches avaient commencé par des mottes de terre qu’ils se jetaient les uns aux autres ; qu’ensuite ils en étaient venus aux coups de poing ; qu’enfin, le combat s’étant échauffé de plus en plus, ils s’étaient battus à coups de pierres et de bâtons, et qu’on ne pouvait plus les séparer. Alexandre ordonna que les deux chefs combattissent l’un contre l’autre ; celui qui portait le nom d’Alexandre fut armé par le roi lui-même, et son adversaire par Philotas. Toute l’armée, spectatrice de ce combat, en regardait l’issue comme un présage de ce qui arriverait aux deux armées. Après un combat très rude, le champion qui représentait Alexandre resta vainqueur, et reçut de ce prince, pour prix de sa victoire, douze villages, et le privilège de porter l’habit des Perses. Voilà ce que raconte Ératosthène. Le grand combat qu’ Alexandre livra contre Darius n’eut pas lieu à Arbelles, comme la plupart des historiens l’ont dit, mais à à Gaugamèles, nom qui, en langue persanne, signifie maison du chameau, et qui fut donné à ce bourg en mémoire du bonheur qu’eut un ancien roi des Perses d’échapper à ses ennemis sur un chameau fort vite à la course, qu’il fit depuis