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maintenant il faut en user avec plus de réserve. » « Je vous envoie, lui écrivit alors Alexandre, une abondante provision d’encens et de myrrhe, afin que vous ne soyez plus si économe envers les dieux. » Quelqu’un lui ayant apporté une cassette, qui fut regardée comme ce qu’il y avait de plus précieux dans tous les trésors et tous les meubles de Darius, il demanda à ses courtisans ce qu’ils croyaient le plus digne d’y être renfermé. Chacun ayant proposé ce qu’il estimait le plus beau : « Et moi, dit-il, j’y renfermerai l’Iliade. » C’est du moins ce qu’ont écrit les historiens qui méritent le plus de confiance. Si le récit que font les Alexandrins, sur la foi d’Héraclide, est vrai, il paraît qu’Homère ne lui fut pas inutile dans cette expédition, et qu’il prit même conseil de ce poëte. Alexandre, disent-ils, après avoir conquis l’Égypte, forma le dessein d’y bâtir une grande ville, de la peupler de Grecs, et de lui donner son nom. Déja, sur l’avis des architectes, il en avait mesuré et tracé l’enceinte, lorsque la nuit, pendant qu’il dormait, il eut une vision singulière. Il crut voir un vieillard à cheveux blancs, et d’une mine vénérable, qui, s’approchant de lui, prononça ces vers :