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prenant un tison allumé, il revint trouver les siens, qui allumèrent de grands feux, dont les Barbares furent si effrayés, que les uns s’enfuirent précipitamment ; les autres, ayant osé les attaquer, furent mis en déroute ; et les Macédoniens passèrent la nuit sans danger. Tel est le récit de l’historien Charès.

XXXIV. Au siége de Tyr, les troupes d’Alexandre étaient si fatiguées des combats fréquents qu’elles avaient livrés, qu’il en laissait reposer la plus grande partie et n’en envoyait qu’un petit nombre à l’assaut, pour ne pas donner aux ennemis le temps de respirer. Un jour que le devin Aristandre faisait des sacrifices, après avoir considéré les signes que donnaient les victimes, il déclara d’un ton affirmatif, à ceux qui étaient présents, que la ville serait certainement prise dans ce mois-là. Tout le monde fit de grands éclats de rire, et se moqua d’Aristandre ; car c’était le dernier jour du mois. Le roi, qui favorisait toujours les prédictions des devins, voyant son embarras, ordonna qu’on ne comptât plus ce jour-là pour le trente du mois, mais pour le vingt-huit ; et, ayant fait sonner les trompettes, il donna un assaut beaucoup plus vigoureux qu’il n’avait d’abord résolu. L’attaque fut très vive, et les troupes restées dans le camp, ne pouvant se contenir, coururent