Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/497

Cette page n’a pas encore été corrigée

les lettres grecques, qu’elle avait des mœurs douces et une naissance illustre, étant fille d’Artabaze, né d’une fille de roi, Alexandre s’attacha à elle par le conseil de Parménion, qui, suivant Aristobule, lui persuada de ne pas négliger une princesse si belle et si aimable. Mais en voyant les autres captives, qui toutes étaient d’une taille et d’une beauté singulières, il disait, en badinant, que les femmes de Perse étaient le tourment des yeux. Opposant donc à la beauté de leurs traits celle de sa continence et de sa sagesse, il passait auprès d’elles comme devant de belles statues inanimées. Philoxène, qui commandait pour lui dans les provinces maritimes, lui écrivit qu’un Tarentin, nommé Théodore, qui était auprès de lui, avait deux jeunes gens à vendre, d’une grande beauté ; il demandait au roi s’il voulait qu’il les achetât pour lui. Alexandre, indigné de cette proposition, s’écria plusieurs fois devant ses amis : « Quelle action infâme m’a donc vu faire Philoxène, pour m’en proposer une pareille ? » Il lui fit, dans sa réponse, les plus vifs reproches, et lui ordonna de renvoyer au plus tôt ce Théodore avec son indigne marchandise. Il ne réprimanda pas moins fortement un jeune homme, nommé Agnon, qui lui écrivit qu’il y avait à Corinthe un jeune garçon d’une