Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/487

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’avantage. On trouve, près de la ville de Xante en Lycie, une fontaine qui, ayant alors débordé et détourné son cours sans aucune cause visible, jeta, dit-on, du fond de son lit, une table de cuivre, sur laquelle étaient gravés d’anciens caractères, qui portaient que l’empire des Perses allait bientôt finir et qu’il serait détruit par les Grecs. Excité par cette prédiction, Alexandre se hâta de nettoyer toutes les côtes maritimes, jusqu’à la Phénicie et la Cilicie. Sa course en Pamphylie a donné lieu à l’exagération de plusieurs historiens, qui, supposant des faits extraordinaires, ont débité que par une faveur divine la mer s’était retirée devant Alexandre, quoiqu’elle soit ordinairement très orageuse sur cette côte, toujours battue des vagues, et qu’elle laisse rarement à découvert des pointes de rocher qui sont le long du rivage, au pied des sommets escarpés des montagnes qui le bordent. C’est sur ce prétendu prodige que Ménandre plaisante dans une de ses pièces :

J’ai cela d’Alexandre : ai-je un besoin extrême
De rencontrer quelqu’un ? il s’offre de lui-même.
Veux-je passer la mer ? elle abaisse ses eaux,
Et s’empresse à l’instant de retirer ses flots.

Mais Alexandre lui-même, dans ses lettres, sans parler d’aucun prodige, dit simplement