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à lui, quelque grâce qu’il lui demandât. Mais c’en est assez sur ce qui regarde la ville de Thèbes.

XVIII. Les Grecs assemblés dans l’isthme ayant arrêté par un décret qu’ils se joindraient à Alexandre pour faire la guerre aux Perses, il fut nommé chef de cette expédition et reçut la visite d’un grand nombre d’hommes d’état et de philosophes, qui vinrent le féliciter de cette élection. Il se flatta que Diogène, qui était alors à Corinthe, lui rendrait aussi sa visite ; mais, voyant que ce philosophe faisait peu de cas de lui et qu’il se tenait tranquillement dans son faubourg, il alla lui-même le voir. Diogène était couché au soleil ; et lorsqu’il vit venir à lui une foule si nombreuse, il se souleva un peu, et fixa ses regards sur Alexandre. Ce prince, après l’avoir salué, lui demanda s’il avait besoin de quelque chose : « Oui, lui répondit Diogène ; ôte-toi un peu de mon soleil. » Alexandre, frappé de cette réponse et du mépris que Diogène lui témoignait, admira sa grandeur d’âme ; et, comme ses officiers, en s’en retournant, se moquaient de Diogène : « Pour moi, leur dit ce prince, si je n’étais pas Alexandre, je voudrais être Diogène. »