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au rapport d’Onésicritus, la mettait la nuit sous son chevet avec son épée. Comme dans les provinces de la Haute-Asie il ne lui était pas facile de se procurer des livres, il écrivit à Harpalus de lui en envoyer, et se procura par son moyen les Oeuvres de Philistus, un grand nombre de tragédies d’Euripide, de Sophocle et d’Eschyle, avec les Dithyrambes de Télestes et de Philoxène. Il eut pendant longtemps la plus grande admiration pour Aristote ; il ne l’aimait pas moins, disait-il, que son père, parce qu’il n’avait reçu de celui ci que la vie, au lieu qu’Aristote lui avait appris à mener une bonne vie. Mais dans la suite ce philosophe lui devint suspect ; et son élève, sans lui faire d’ailleurs aucun mal, cessa de lui donner ces témoignages d’une vive affection qu’il lui avait prodigués jusqu’alors : signe certain de l’éloignement qu’il avait conçu pour lui. Mais ce changement de disposition ne bannit point de son âme ce goût inné, cet amour ardent de la philosophie, dans lequel il avait été élevé. Les honneurs qu’il rendit à Anaxarque, le don de cinquante talents qu’il envoya au philosophe Xénocrate, son estime constante pour Dandamis et pour Calanus, en sont autant de preuves.