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où la Macédoine était de la Perse et des chemins qui conduisaient aux provinces de la Haute-Asie ; il leur demanda comment leur roi se comportait envers ses ennemis ; enfin, quelles étaient la force et la puissance des Perses. Les ambassadeurs, pleins d’admiration, ne purent s’empêcher de dire que cette habileté de Philippe, qu’on vantait si fort, n’était rien en comparaison de la vivacité d’esprit et des grandes vues de son fils. Aussi toutes les fois qu’on venait lui apprendre que Philippe avait pris quelque ville considérable, ou qu’il avait remporté une grande victoire, loin d’en montrer de la joie, il disait à ses compagnons : « Mes amis, mon père prendra tout ; il ne me laissera rien de grand et de glorieux à faire un jour avec vous. » Passionné comme il l’était, non pour les voluptés et les richesses, mais pour la gloire et la vertu, il pensait que plus l’empire que son père lui laisserait aurait d’étendue, moins il aurait d’occasions de s’illustrer par lui-même ; et, dans l’idée que Philippe, en augmentant chaque jour ses conquêtes, lui consumerait, pour ainsi dire, les belles actions qu’il aurait pu faire, il désirait, non d’avoir de la richesse, du luxe et des plaisirs, mais de recevoir des mains de son père un royaume où il