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leur général de les mener au camp de Sertorius, le menaçant, s’il le refuse, de l’abandonner, et d’aller trouver un général si capable de procurer sa propre sûreté et celle des autres. Perpenna, contraint de leur céder, se rendit au camp de Sertorius avec cinquante-trois cohortes.

XVIII. Sertorius, à qui toute l’Espagne, en deçà de l’Èbre, s’était déjà soumise, se vit, par la jonction de Perpenna, à la tête d’une puissante armée, et chaque jour il lui arrivait de tous côtés de nouvelles troupes ; mais il ne voyait pas sans inquiétude la confusion et l’audace de ces Barbares, qui, impatients de tout délai, criaient sans cesse qu’on les menât à l’ennemi. Il essaya d’abord la voie de la persuasion ; mais les voyant prêts à se révolter et à se porter aux dernières violences pour le forcer à attaquer hors de propos, il les abandonna à leur fougue, s’attendant bien qu’après avoir été, non pas entièrement défaits, mais fort maltraités, ils seraient dans la suite plus soumis et plus dociles. Ils furent battus comme il l’avait prévu, et étant allé à leur secours, il les recueillit dans leur fuite, et les ramena en sûreté dans le camp. Mais peu de jours après, pour leur ôter le découragement où cet échec les avait jetés, il assemble toute l’armée, et fait amener deux chevaux, l’un très vieux et très