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pelait Libation. Les autres généraux avaient peu de ces écuyers ou compagnons d’armes qui se consacrassent à mourir avec eux ; Sertorius était suivi de plusieurs milliers de soldats qui avaient fait pour lui ce généreux dévouement. Un jour que son armée fut mise en déroute près d’une ville d’Espagne, les soldats espagnols, quoique poursuivis de près par les ennemis, oubliant le soin de leur propre conservation, ne pensèrent qu’à sauver Sertorius, et, l’enlevant sur leurs épaules, ils se le passèrent de l’un à l’autre jusqu’aux murailles de la ville, et ne songèrent à se sauver eux-mêmes que lorsqu’il fut en sûreté.

XVII. Chéri à ce point des Espagnols, il ne l’était pas moins des troupes qui venaient d’Italie. Perpenna Vento, attaché au même parti que Sertorius, étant arrivé en Espagne avec une armée nombreuse et de grandes sommes d’argent, voulait faire seul de son côté la guerre à Métellus. Ses troupes en témoignèrent tout haut leur mécontentement ; il n’était question dans tout le camp que de Sertorius, et cette préférence mortifia Perpenna, qui était enflé de sa naissance et de ses richesses. Mais lorsqu’on eut appris que Pompée passait déjà les Pyrénées, les soldats de Perpenna, prenant leurs armes et arrachant les enseignes, pressent à grands cris