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s'était laissé aller à une vie plus douce et plus molle ; Sertorius, au contraire, dans toute la force et le feu de la jeunesse, avait le corps singulièrement robuste, fait à l'agilité comme à la tempérance. Il ne s'était jamais permis, même dans les temps de loisir, un usage immodéré du vin, et avait pris de bonne heure l'habitude de supporter les plus durs travaux, de faire de longues marches, de passer plusieurs nuits sans dormir, de manger peu, et de se contenter de la nourriture la plus commune. Il employait les jours de repos à la chasse, ou à des courses continuelles dans la campagne ; et par là il avait acquis une telle connaissance des lieux accessibles ou impraticables, que dans ses fuites il se tirait toujours des plus mauvais pas, et qu'en poursuivant l'ennemi il l'enfermait dans des endroits difficiles, d'où il lui était impossible de sortir. Aussi Métellus, réduit à l'impuissance de combattre, souffrait-il tous les inconvénients des vaincus, tandis que Sertorius, même en fuyant, avait tous les avantages d'un vainqueur qui poursuit des fuyards ; il coupait l'eau à son ennemi, et l'empêchait de faire des fourrages. Métellus se mettait-il en marche, Sertorius l'arrêtait ; était-il campé, il le harcelait tant qu'il le forçait de déloger. Avait-il mis le siège devant une ville, il y arrivait aussitôt, et en le