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X. Sertorius, à qui l’on raconta ces merveilles, conçut le plus ardent désir d’aller habiter ces îles, et d’y vivre en repos, affranchi de la tyrannie et délivré de toutes les guerres. Mais les corsaires, qui pénétrèrent son dessein, et qui, loin de désirer la paix et le repos, voulaient du butin et des richesses, firent voile vers l’Afrique, pour aller rétablir Ascalis, fils d’Iphtha, sur le trône des Maurusiens. Sertorius, sans se décourager de leur désertion, prit sur-le-champ le parti d’aller au secours des ennemis d’Ascalis, afin que ses soldats, trouvant dans cette guerre un nouveau germe d’espérance, et une occasion d’exercer leur courage, ne fussent pas contraints, par la nécessité où ils seraient réduits, d’abandonner ses drapeaux. Reçu avec plaisir par les Maurusiens, il ne perdit pas un instant pour agir : après avoir vaincu Ascalis, il l’assiégea dans la ville où il s’était retiré. Sylla n’en fut pas plutôt informé, qu’il fit partir Paccianus avec des troupes pour secourir Ascalis. Sertorius défit Paccianus, le tua, et ayant forcé son armée de se joindre à la sienne, il prit d’assaut la ville de Tingis(9), où Ascalis s’était réfugié avec ses frères. C’est là, disent les Africains, qu’Antée est enterré. Sertorius, qui n’ajoutait pas foi à ce que les Barbares disaient de la grandeur énorme de ce