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à prix d’argent, il fit une si grande diligence qu’il se rendit maître de l’Espagne. Il trouva cette province peuplée d’une jeunesse florissante, mais que l’avarice et la violence des gouverneurs que Rome y envoyait tous les ans avaient prévenue contre toute espèce d’autorité. Il s’attacha d’abord à gagner les grands par la douceur, et la multitude par la diminution des subsides ; mais rien ne lui concilia davantage l’affection de ces peuples, que l’exemption des logements de gens de guerre. Il obligea ses soldats de passer l’hiver dans leurs tentes, hors des murailles des villes, et lui-même y fit tendre le premier son pavillon. Cependant ne voulant pas mettre uniquement sa confiance dans les dispositions favorables des Barbares, il incorpora dans ses troupes ceux des Romains établis en Espagne qui étaient en âge de porter les armes ; il fit construire toutes sortes de machines de guerre, et équiper un grand nombre de vaisseaux. Par là il tint les villes dans sa dépendance ; et autant il paraissait doux et affable pendant la paix, dans les rapports ordinaires de la vie civile, autant il se montrait terrible dans tout ce qui regardait le service militaire.

VIII. Il n’eut pas plutôt appris que Sylla, après avoir détruit le parti de Marius et de Carbon,