Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

revenait de Grèce, furent battus, autant par la mollesse et la lâcheté des chefs, que par la désertion des soldats. Sertorius sentit alors que sa présence ne pouvait remédier au désordre des affaires, qui croissait de jour en jour, parce que ceux qui avaient le plus de pouvoir étaient les moins habiles ; et lorsque enfin Sylla, étant venu camper auprès de Scipion, lui fit les plus grandes démonstrations d’amitié, en le flattant de l’espoir d’une paix prochaine, pendant qu’il lui débauchait son armée, Sertorius, qui en avait plusieurs fois inutilement averti Scipion, désespérant du salut de Rome, partit pour l’Espagne, afin d’y prévenir, s’il le pouvait, l’arrivée de ses ennemis, s’emparer de cette province, et s’y établir si bien qu’il pût y assurer une retraite à ceux de ses amis qui seraient forcés d’abandonner l’Italie.

VII. Assailli par de violents orages dans les montagnes qu’il eut à traverser, il ne put obtenir le passage des Barbares du pays qu’en leur payant un salaire considérable. Ceux qui l’accompagnaient ayant paru indignés qu’un proconsul romain payât tribut à des Barbares, Sertorius, moins affecté qu’eux de cette prétendue honte, leur dit qu’il achetait le temps, le bien le plus précieux pour celui qui aspire à de grandes choses ; et ayant gagné ces Barbares