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chacun son chef séparé. La victoire leur étant restée, Cinna et Marius se portèrent à de tels excès d’insolence et de cruauté, que les maux de la guerre parurent aux Romains une véritable félicité, au prix de tant d’horreurs. Sertorius fut le seul qui, ne sacrifiant personne à son propre ressentiment, n’abusa pas de la victoire pour faire outrage à un seul citoyen. Au contraire, rempli d’indignation contre Marius, il prit en particulier Cinna, et par ses prières et ses remontrances il parvint à lui inspirer des sentiments plus modérés. Voyant enfin que les esclaves que Marius avait pris pour ses alliés dans cette guerre, et dont il faisait les satellites de sa tyrannie, rendus plus insolents par la force qu’ils tiraient de leur grand nombre, commettaient les plus grands forfaits, soit par la permission et par les ordres mêmes de Marius, soit par la férocité de leur caractère ; qu’ils égorgeaient leurs maîtres, déshonoraient leurs maîtresses et leurs enfants, il ne put supporter une telle licence, et les fit tous tuer à coups de flèches, dans leur camp même, quoiqu’ils ne fussent pas moins de quatre mille. Cependant Marius mourut ; bientôt après Cinna fut tué ; et le jeune Marius emporta le consulat malgré Sertorius, et contre les lois. Carbon, Norbanus et Scipion, ayant marché contre Sylla qui