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plus abondantes, ils s’enivraient tous les jours, et vivaient avec une telle licence, que les Barbares, avant conçu pour eux le plus grand mépris, envoyèrent, une nuit, demander du secours à leurs voisins les Gyriséniens ; et étant entrés avec eux dans les maisons des Romains, ils firent main basse sur tous ceux qu’ils trouvèrent. Sertorius, s’étant sauvé de la ville avec un petit nombre des siens, rallia ceux qui purent en sortir après lui ; il fit avec eux le tour de la ville, et trouvant la porte par où les Barbares étaient entrés encore ouverte, il ne fit pas la même faute qu’eux ; mais plaçant des gardes aux portes, et se saisissant de tous les quartiers de la ville, il passa au fil de l’épée tous ceux qui étaient en âge de porter les armes. Après cette exécution sanglante, il ordonne à ses soldats de quitter leurs armes et leurs habits, de prendre l’armure des Barbares qu’ils avaient tués, et de le suivre à la ville, dont les habitants étaient venus la nuit les surprendre. Les Barbares, trompés par ce déguisement, laissent les portes ouvertes, et sortent même en foule au-devant des Romains, qu’ils prennent pour leurs concitoyens et leurs amis qui revenaient après la victoire. La plus grande partie fut tuée auprès des portes : et les autres, s’étant rendus à discrétion, furent vendus à l’encan.

IV. Cet exploit rendit célèbre dans toute l’Espagne