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même sur le lieu ; mais ses amis le retinrent, et il se contenta d'y envoyer Annius à la tête de quelques soldats, avec ordre de lui apporter sur-le-champ la tête de Marcus Antonius. Lorsqu'ils furent à la maison où il était caché, Annius se tint à la porte, et les soldats étant montés dans la chambre, la vue d'Antonius leur imposa tellement qu'ils se renvoyaient l'un à l'autre l'exécution de l'ordre dont ils étaient chargés. L'éloquence de ce célèbre orateur, telle qu'une sirène enchanteresse, avait tant de douceur et de charme, qu'aussitôt qu'il eut ouvert la bouche pour demander la vie à ces soldats, il n'y en eut pas un qui osât le frapper, ou même le regarder en face ; ils baissèrent tous les yeux en versant des larmes. Annius, impatienté de ce retard, monte dans la chambre ; il voit Antonius parler à ses soldats, charmés et attendris par son éloquence ; il leur reproche leur lâcheté, et, courant à Antonius, il lui coupe la tête de sa propre main. Catulus Lutatius, celui qui avait été collègue de Marius au consulat, et avait partagé avec lui les honneurs du triomphe, employa ses amis pour intercéder auprès de Marius ; mais ils n'en purent tirer que cette parole. terrible : « Il faut qu'il meure. » Catulus s'enferma dans une chambre, et y fit allumer un grand brasier, dont