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dit qu'il n'avait pas le cou assez gros[15] pour s'en tenir, sur une si grande affaire, à ce qu'il avait dit une première fois ; qu'il jurerait donc et obéirait à la loi, si toutefois c'était une loi : restriction qu'il ajouta avec adresse, comme un voile pour cacher sa honte. Dès qu'il eut fait le serment, le peuple ravi de joie battit des mains et fit entendre les plus vives acclamations ; mais les nobles furent aussi affligés qu'indignés d'un pareil changement. Les sénateurs, qui craignaient la colère du peuple, jurèrent tous, jusqu'à Métellus. Pour lui, quelques instances que lui fissent ses amis pour l'engager à faire le serment, et à ne pas s'exposer aux peines rigoureuses dont Saturninus menaçait ceux qui refuseraient de le prêter, il ne perdit rien de sa fermeté, et ne jura point. Toujours invariable dans son caractère, prêt à tout souffrir plutôt que de rien faire de honteux, il sortit de l'assemblée, et dit à ceux qui l'accompagnaient : « Que faire le plus léger mal était une lâcheté ; que faire le bien quand il n'y avait pas de danger, c'était une disposition commune ; mais que le faire en s'exposant à de grands périls, c'était agir en homme véritablement vertueux. » Saturninus fit à l'instant même un décret par lequel il était ordonné aux consuls de faire publier qu'on interdisait à Métellus